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Par Max Hilger
Tortour
Dans sa chanson Hassliebe (Amour-haine), le rappeur allemand Curse pose la question : « Peut-on s'aimer et se haïr en même temps ?» La réponse est claire : oui ! Pour l'équipe FOCUS, les allers et retours à vélo pour se rendre au travail représentent l'ambivalence amour-haine. Surtout en hiver. Partagé entre motivation et frustration, il s'agit de se rendre chaque jour au nouveau quartier général à Filderstadt. Un hommage (très personnel) aux trajets quotidiens pour aller travailler.
Bourdonnante, stridente, retentissante – la sonnerie du réveil vous tire sans merci du sommeil et de vos rêves les plus beaux. Un rêve plein de vélos... brisé. Pourquoi est-ce maintenant si difficile de monter sur l'objet de ses rêves ? Parce que dehors, il fait froid. Parce que sous la couette, il fait chaud. Parce que cela restera toujours un défi, peu importe depuis combien de temps on s'y est habitué. De quoi s'agit-t-il ? Beaucoup appellent cela « faire la navette », même notre application Strava utilise ce terme et permet aussi de marquer les trajets de navette. Aujourd'hui, on parle plutôt de « migration journalière » pour utiliser un terme plus moderne. Au final, cela signifie avant tout se rendre au travail à vélo. Vélo de course ou VTT de montagne – à vous de choisir ! Mais pas seulement un court trajet en vêtements de bureau... Non, un véritable trajet à vélo, en vous changeant, avec des vêtements adaptés au vélo. Cela en vaut seulement la peine si le trajet dépasse une certaine distance.
Ce parcours est un véritable dilemme. À mi-chemin entre corvée et plaisir. Se réjouir à l'avance ? Négatif ! Seulement le plaisir d'être arrivé. Dans le cas de FOCUS, le chemin relie la plupart du temps Stuttgart à Filderstadt. Le trajet le plus court fait environ 15 kilomètres, mais il peut être prolongé à 25 kilomètres ou plus, selon l'humeur et le temps. À ne pas sous-estimer : l'aspect logistique que requiert au début la carrière de migrant journalier ! Les migrants journaliers ont deux « domiciles », des vêtements et de quoi se laver à la maison et au travail. Une fois tout bien organisé, une certaine routine s'installe. Ou est-ce que je me trompe ?
« Ce qui me pousse et me motive, c'est de découvrir de nouveaux chemins », explique Thomas Trapp, ingénieur en chef chez FOCUS, avant de s'épancher en un flot de paroles qui n'en finit pas sur les trajets qu'il est possible d'emprunter pour faire de nouvelles expériences. Le tout agrémenté de noms de forêts plus insolites les uns que les autres. C'est contagieux. Allez, on y va !
Café et pain au chocolat
Se passer de l'eau sur le visage pour se réveiller avant d'enfiler les vêtements de vélo. Je pèse le pour et le contre, j'hésite encore. Et si je prenais le train ? Non, j'irai jusqu'au bout. Les premiers frissons d'émotion une fois passée la porte. Le premier coup de pédale qui booste votre énergie. La première surprise lorsque d'un seul coup, on se sent moins fatigué qu'il y a encore une minute. L'arrêt chez le boulanger. Du café et un pain au chocolat. Quoi de mieux pour commencer la journée ?
Seul le contraire est difficile à supporter : vous êtes assis à votre bureau. Aujourd'hui, vous n'êtes pas venu au travail à vélo. Emmitouflé jusqu'au bout du nez, Patrick Schmidt (ingénieur concepteur) fait son entrée dans le bureau et retire son foulard multifonction. Les joues rougies, les yeux qui pleurent légèrement, de la boue sur tout le corps. Une sensation bizarre d'envie et de regret vous saisit. Pourquoi ? Pourquoi ne pas être effrayé à la vue de ce « migrant journalier » archaïque ? Pourquoi ai-je pris le train ce matin ?
« Cela fait partie de notre boulot », explique Mario Pöss, ingénieur concepteur, sans aucun doute celui parmi nous qui a fait le plus de kilomètres pour tester le nouveau JAM². « Grimper en haut du Birkenkopf est presque devenu la norme. » Avec un magnifique lever de soleil sur Stuttgart. Au fait... De nouveau une récompense dont nous ne nous lassons pas.
On ne s'ennuie jamais en chemin
Cela reste une prophétie autoréalisatrice. On ne s'ennuie jamais en chemin. Aucun trajet sans moment fort. Le coucher de soleil orangé, dont nous avons déjà fait d'innombrables photos, mais devant lequel nous nous arrêtons quand même pour refaire une photo, la dernière. La chute évitée de justesse. L'attaque placée au bon moment pour se détacher du partenaire normalement le plus fort. La fois où, en retard au rendez-vous, vous essayez de toutes vos forces de rattraper le groupe et de rester à l'abri dans son sillage. L'immense joie d'avoir réussi à éviter les voitures en prenant de petits détours. Le petit bout de terre éclairé par le phare du vélo, qui est le seul point qui importe à ce moment précis. On se sent rarement aussi héroïque qu'en faisant l'aller-retour pour aller travailler.
Chaque saison est différente. Des arbres engloutis par le brouillard. La silhouette de la cime des arbres qui se dessine sur le sol forestier. La forêt qui dévoile son charme dans une explosion de couleurs. Les têtes des fleurs de tournesol qui font la haie d'honneur. Le claquement monotone des gouttes après l'averse. Les horizons colorés d'un rose sombre par le soleil. Des paysages tout en noir et blanc. Des saules ployant sous le poids de la neige. Des centaines de fleurs qui se présentent à vous comme une peinture pointilliste. L'air rempli de la forte odeur de l'ail sauvage. Des stalactites de plusieurs centimètres de longueur dans la barbe. Le crissement des pneus sur les cailloux. Le gazouillis des oiseaux qui viennent d'attraper un ver de terre. Parcourir le paysage dans un ciel en feu. On a l'impression d'être dans un film. Comme Lucky Luke, nous galopons vers le soleil couchant. Chaque trajet raconte sa propre histoire. Votre histoire.
Ai-je déjà regretté de m'être rendu au travail, ou d'être rentré chez moi à vélo ? Jamais ! C'est ce que c'est. À la fois un défi et une récompense.
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